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Entre nous

Association Senlis-Est Quartier Saint Vincent

Confinement

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Au nom de tous

En ce temps bien troublant de confinement, notre pensée va tout d'abord à ceux qui sont en soins intensifs, également à tout le personnel soignant dans les hôpitaux, les EHPAD, EPPD et les assistant.e.s à domicile, ambulanciers, pompiers et taxis . Merci aussi à ceux qui travaillent pour assurer le minimum de nos besoins jugés essentiels.
Nous pensons à ceux qui sont seuls ou en difficultés même ponctuelles.
En principe nos proches voisinages sont très actifs, cette épreuve permet de créer et resserrer des liens. Toutefois chacun de nous doit veiller à ce que personne, qui par pudeur n'oserait demander un peu d'aide ou au moins avoir quelques instants de discussion par téléphone ou par la fenêtre.

Sachez qu'un groupe Facebook "les turlupins de Senlis" existe, il ne demande qu'à être plus actif. Inscrivez-vous, et échangez des idées, des histoires drôles. Evitez les informations anxiogènes et les critiques. Si vous avez besoin d'un service ou voulez en proposer, "les Turlupins de Senlis" sont là.

En rappel, allez également re.visiter notre site Internet http://senlis-bastion.fr, vous y redécouvrirez des reportages, des diaporamas, des explications sur notre quartier, une visite virtuelle commentée et illustrée. Vous pouvez télécharger nos 19 No du Turlupin...

Pour nous changer un peu les idées Joëlle, notre rédactrice préférée nous propose une lecture qui toujours nous emmène à une fin inattendue.

Bonne Lecture

Jacques Marie Broust

PS Donnez nous des idées pour cette lettre du Turlupin, nous pouvons continuer avec vos encouragements

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   NOUS NE CONFINERONS PAS ENSEMBLE

Je me souviens fort bien de ce soir de mars où je découvris ses yeux… juste ses yeux ! Le bas de son visage étant dissimulé derrière un méchant masque en bec de canard et le front de la jeune femme mangé par une anarchique frange rousse.

 Je l’avais croisée au rayon œufs et laitages du supermarché local. Elle portait un manteau près du corps, une sorte de redingote écossaise marine et rouge, des bottes noires, une longue écharpe et un bonnet de laine jaune. Je tentais une approche discrète mais le vigile de service avait l’œil, « vous devez respecter la distance de sécurité d’un mètre, éloignez-vous Monsieur ! », je ne pus qu’humer une fraction de seconde les notes fleuries de son parfum avant de m’éloigner. Cette fille sentait le printemps !

 Je tentais à plusieurs reprises de m’approcher de la jeune femme mais les consignes étant ce qu’elles étaient en ce 12ème jour de confinement, il valait mieux être prudent et responsable. Je ne pus que suivre du regard sa silhouette colorée et son bonnet couleur soleil, m’efforçant par maints tours et détours dans les allées, de croiser une fois encore le regard vert mousse de ma ravissante inconnue.

 Je négligeais totalement mon ravitaillement pour suivre la dame et son chariot. Il me sembla qu’elle achetait beaucoup, frénétiquement même ! Elle entassait, elle consultait sa liste, arpentait les rayons en tous sens de manière anarchique, sans la moindre logique. Je la devinais inquiète et perturbée. Tout comme le nôtre, son monde venait sans doute de basculer. A coup sur elle était isolée, perdue, ses certitudes avaient disparues, il lui fallait trouver de nouveaux repères, de nouvelles marques, une épaule sur laquelle s’appuyer…

 J’imaginais fort bien sa soirée solitaire, tellement semblable à la mienne,  dans un petit appartement ouvert sur des nuits d’angoisse et de mornes journées ! J’étais prêt à la rassurer.

 Nous serions si bien ensemble ! Nous n’aurions pas besoin de cet entassement de victuailles. Je passerais juste à la poissonnerie commander un plateau de fruits de mer. Nous l’accompagnerions d’un petit Sancerre goûteux. Nous tenterions à grand peine de tempérer nos ardeurs et nos échanges amoureux !

 C’est terrible l’amour au temps du corona !

 J’attendais le coup foudre depuis toujours ! Aujourd’hui il était là, masqué, au rayon hygiène et rouleaux de papier ! Pas vraiment glamour ? Et alors ? Acheter certains types de papier n’est pas trivialité mais pure humanité et extrême nécessité ! Je dus constater qu’elle en achetait tout de même beaucoup !!! Je ne la jugeais point, elle paniquait c’était évident ! J’étais de tout cœur avec elle, je voulais partager ses angoisses !

 Le temps passait, c’était la dernière ligne droite avant d’arriver aux caisses ! Je n’avais toujours  rien acheté ! Je mis in-extrémis un paquet de biscottes et un bocal de cornichons  dans mon caddy afin ne pas perdre de vue mon inconnue aux yeux de chat dans la file d’attente !

 Je suivis ma déesse jusqu’au parking extérieur, J’étais résolu à l’aborder,  j’allais enfin pouvoir m’exprimer. Je m’approchais discrètement… j’avais choisis mes mots et mes arguments, j’étais sûr de moi, déterminé, mon rêve était là, à un mètre de mon cœur !

C’est l’instant que choisirent deux petites filles à la voix pointue  pour l’interpeller ! « Maman, Maman, dépêche-toi, la voiture est là, Papa va  ranger les courses ! Attention ! Tu viens de perdre ton masque ! il est  tombé sous la voiture ! »

 Ma rousse inconnue rejoignit les gamines à l’intérieur du véhicule, le mari chargea le coffre de la Clio. Pourquoi fis-je une photo de la plaque minéralogique avant qu’ils ne disparaissent ? Demain me le dira peut-être !

 Ma main gantée ramassa le masque abandonné, il était imprégné d’une subtile fragrance de jonquille. L’empreinte d’une bouche carminée s’y détachait nettement, telle une signature…

Je me retins d’y porter mes lèvres !

Joëlle Bosschem

jobo5@orange.fr

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