Notre quartier est né probablement autour de cette église en ruine, déjà dédiée à Saint Vincent, à la place de laquelle la Reine Anne de Kiev a décidé de faire construire en 1060 une abbaye. Consacrée seulement cinq ans plus tard, la Reine la fit doter par son fils, le Roi Philippe Ier , de biens et de pouvoirs considérables. Après une reconstruction laissée sans trace au milieu du XIIIème siècle, le monastère a été reconstruit au XVIIème siècle
A cette époque de très nombreux établissements religieux ont été construits dans ce quartier :
- Le couvent de la Présentation a été fondé vers 1629, suivant la règle de Saint-Augustin, pour l’instruction gratuite des jeunes filles. Il était à l’époque séparé du monastère des chanoines par la rue de la tournelle saint Vincent. Le couvent s’est ensuite étendu de l’autre côté de la rue de Meaux.
- En 1640 les Capucins délaissent le petit hôpital de «Bon Secours» pour s’établir rue «Saintisme Alargent» (devenue Saint Yves à l’Argent)
- Grâce à un don de Jacques Jolly, l’hôpital de la Charité fut fondé en 1660, vouée à l’accueil des malades pauvres sous l’invocation de Saint Jean de Dieu. La chapelle fut construite au début du XVIIIème siècle. L’institution prit une extension considérable s’étendant au-delà de l’actuelle rue de la République qui n’existait pas alors, pour jouxter pratiquement le Couvent des Cordeliers établi rue des Cordeliers, lui-même voisin du Couvent des Carmes.
- Dans cette rue fut jadis un établissement des Templiers dont neuf d’entre eux furent brûlés Place de Creil (Pl Gérard de Nerval) sous le règne de Philippe Le Bel.
- A ces institutions établies dans l’enceinte de la «Cité» il faut ajouter les paroisses de Saint Martin et de Saint Etienne.
La coupure
Le roi Louis XV, aimant se rendre à Compiègne pour y chasser, devait traverser Senlis par la rue de Paris (actuelle rue vielle de Paris). Celle-ci, étroite et de forte dénivellation pour de lourds carrosses, était souvent fort encombrée. Excédé, le roi ordonna que fût percée une « voie rapide ». Senlis étant une place forte verrouillant l’accès du nord vers Paris, on ne concevait pas qu’une telle voie puisse contourner les remparts. Il a alors été décidé de percer la rue neuve de Paris devenue rue Royale puis rue de la République.
Cette construction reçut une impopularité considérable. Des maisons et terrains furent expropriés ou tronqués.  Cette coupure a eu pour grave conséquence de séparer plus du tiers de la surface de la Cité, du reste de la Ville. Jusqu’aujourd’hui encore, « nos » rues, « nos » monuments, « notre » histoire, ont été oubliés, déconsidérés, comme ne faisant pas partie du patrimoine historique de la Ville !
Cet oubli a semble-t-il eu quelques conséquences heureuses, en effet lors de la destruction des remparts décidée par Charles X, on a oublié de détruire une grande partie du secteur sud-est. Il reste donc dans notre quartier les seuls rescapés de l’architecture militaire de la Ville, en particulier la seule porte de l’enceinte construite sous Philippe Auguste et le seul bastion construit sous François Ier. Certes la partie haute des murailles médiévales a disparu, mais le Bastion et la Porte de Meaux restent un patrimoine qui mérite grandement sa mise en valeur pour le meilleur bienfait de la Ville.