La Fontaine Raissant

Marcel Rallon est un archéologue bénévole, ancien technicien du CERCHAR à Verneuil il a beaucoup travaillé avec Marc Durand. Membre de la Société Française d’Etude des Souterrains il a étudié les caves de Senlis depuis plus de 35 ans. Ami de monsieur Henri Leblanc qui lui a communiqué son savoir et sa passion.

Cet article est basé sur un rapport de Marcel Rallon . Nous publions ses découvertes et des extraits de son rapport avec son autorisation.

Senlis possédait au moins deux étuves au moyen-âge. L’une à l’ouest, sous Saint Aignan, l’autre à l’est de Senlis dans le quartier St Vincent, alimentée par la fontaine Raissant. Elle fut supprimée probablement en 1495. Ce genre d’établissement était devenu un lieu de mauvaises mÅ“urs, ce qui était inacceptable à cette époque en un lieu si proche des nombreuses institutions religieuses.

Les bassins existant malgré tout, d’autres usages en ont été fait : tannerie, mégisserie (traitement des peaux de moutons et chèvres), lavoirs de linge et de laine.

Les étuves médiévales ont presque toujours succédé aux thermes gallo-romains. Les méthodes de constructions découvertes laissent à penser qu’une utilisation a bien été faite à cette période.

La Fontaine Raissant est en fait un réservoir qui était alimenté par plusieurs sources au moyen d’aqueducs. Ce réservoir est toujours existant et visible au n° 1 de la rue de la Tannerie. C’est une fosse de 2m50 de profondeur et de 3m par 3m50 de cotés. On peut y observer deux départs d’aqueducs, l’un (amont) en direction de Saint Vincent, l’autre (aval) vers le rempart Bellevue. On peut pénétrer dans l’aqueduc amont, vers St Vincent par une galerie voutée en plein-cintre (?).

Coupole au dessus du
bassin de décantation

« … nous découvrons avec étonnement un bassin de près de 2m50 par 1m10 ,…Les galeries de l’aqueduc sont excentrées les murs sont construits en pierres plates. Elles paraissent avoir été posées hier. La surprise est totale en levant la tête et en découvrant une voûte en forme de dôme, construite en encorbellement (?). Le raccordement entre ce dôme et les galeries de l’aqueduc s’effectue sans rupture. C’est un admirable travail d’architecture dans l’espace…miraculeusement conservé au cours des siècles… (M.R.)»

Galerie amont de la
Fontaine Raissant

L’aqueduc amont est certainement constitué de plusieurs ramifications. Les galeries se prolongeraient sous Saint Vincent, l’une d’elle traverserait peut-être la rue de Meaux au niveau des n° 37 ou 39 pour atteindre l’ancien couvent des Capucins (rue St Yves à l’Argent)

L’aqueduc aval se compose d’une galerie de 1m de haut sous voûte. Un premier tronçon de 9m de longueur se dirige vers le rempart Bellevue. Une autre partie est longue de 14m, de 1m10 de large et de 1m de hauteur libre. Cette aqueduc est inclus dans rempart de Bellevue et semble dater de sa construction. Il traversait la rue de la république jusqu’au jardin des Cordeliers, (actuellement parking de la nouvelle résidence), traversait la grande cour, passait sous les douches pour se jeter enfin dans « l’abreuvoir » (transformé également en parking).

aqueduc-dans-le-couvent-des-carmes

Galerie aval sous le
couvent des Carmes

Il est certain que les entreprises dites de restauration n’ont tenu aucun compte des trésors souterrains, considérés quelquefois comme des obstacles ennuyeux ou des opportunités de décharges.

Conclusions :

Il est quasiment certain que les eaux de pluies de plusieurs rues se déversent dans ce réseau de galeries qui aboutit à l’intérieur des remparts.

Les comblements de puits et de galeries ont détruit gravement le libre passage des eaux. Il est certain que des eaux usées sont déversées dans ces fosses. Ainsi les eaux ont pris des cheminements inconnus qui entraîneront immanquablement des effondrements. Certains se sont déjà produit.

 

Découvrez ce reportage photo réalisé par Marcel Rallon

5 comments for “La Fontaine Raissant

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